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Ile Maurice


Christian Keller

Le musée postal 

L’île Maurice est située dans l’Océan Indien à l’est de Madagascar, au sud de la Réunion. Elle est une des «Mascareignes»1 découvertes par les Portugais, conquise par les Hollandais, elle est devenue française sous le nom de l’Ile de France en 1715, puis accordée à l’Angleterre au traité de Paris en 1814 après la chute de Napoléon 1er

Au cours de l’année 1846 à Port Louis, Joseph Barnard, horloger qui également grave et imprime des menus, cartes de visite, faire-part… est un jour convoqué par Stuart Brownrigg, Directeur des Postes, qui lui demande un devis pour la création de deux timbres-poste (soit les valeurs de 1 penny et de 2 pences) conformément aux nouveaux règlements qui doivent entrer ultérieurement en vigueur (et semble-t-il sur ordre du Gouverneur, cédant aux sollicitations empressées de son épouse qui voulait pouvoir disposer sans délai de timbres pour expédier les invitations à son bal masqué. Pensez donc, il y avait presque sept ans qu’on pouvait timbrer des lettres en métropole !). Le devis de 59.10 £ (soit nettement plus que ce que pourra rapporter la vente de ces quelques timbres : (1 £ = 240 pences) fut accepté. La quantité de ces timbres , d’abord fixée à 700 (350 de chaque), fut portée à 1000, et émises le 21 septembre 1847. Ils sont bien sûr à l’effigie de la jeune reine Victoria représentée sur un célèbre médaillon gravé par William Wyon.

Bloc représentant la fameuse lettre pour Bordeaux
Rétrospective condensée : timbres sur timbres sur enveloppe moderne
Cachet moderne confectionné « à l’ancienne » 

Que sont-ils devenus ?

Puisqu’on ne connaissait en 1990 que 12 exemplaires du «One Penny», dont 4 neufs, et 14 du «Two Pence», dont 2 neufs, on peut admettre qu’ils font partie, sans fausse modestie, du Top-Ten des raretés mondiales. Je les mettrais en tête, à mon goût personnel car leur impression est à l’origine de la plus célèbre erreur d’appellation. En effet, Joseph Barnard, le graveur, habitant en face du bureau de poste de Port-Louis, inscrivit sur ses épreuves le nom qu’il voyait depuis sa fenêtre au frontispice du bâtiment soit: Post Office; autrement dit: Bureau de Poste !

Christian Keller devant le «Mauritius Postal Museum» à Port Louis
La belle collection de cachets postaux 

Invitation au bal du Gouverneur

Lady Gomm, épouse du Gouverneur Sir Williams Maynnard Gomm fut donc la première à utiliser ces timbres lorsqu’elle put enfin organiser son bal travesti le 30 septembre 1847. Toutes les invitations furent affranchies avec le «One Penny» rouge orangé. Victimes de leur succès (de curieuses nouveautés snob!) les premiers timbres de l’île Maurice furent rapidement épuisés. Il fallut attendre de longs mois jusqu’en 1848 pour voir arriver de nouvelles vignettes. Toujours à l’effigie de la reine Victoria, mais corrigées et portant l’inscription officielle «Post Paid». La chasse aux «Post Office» commença-t-elle dès lors? Si vous avez quelque lointain parent ayant vécu dans cette île, cherchez bien (vieille malle au fin fond d’un grenier poussiéreux…)! Un miracle est toujours possible. Relevons qu’un exemplaire de l’invitation au bal masqué du Gouverneur, revêtu du «One Penny», se trouve dans la collection de la reine d’Angleterre (Victoria avait-elle été invitée ?). 

Les plus célèbres 
Le pli revêtu d’une paire de «Two Pence» adressé à Bombay, et la lettre revêtue de «One Penny» orange-rouge et du «Two Pence» bleu profond, adressée à un marchand de vin de Bordeaux (pour une commande déjà à cette époque!), via l’Angleterre - à savoir : Plymouth – Paris – Boulogne-Bordeaux - est considérée comme la plus grande rareté et la plus grande valeur au monde. Elle fut vendue à Genève en 1993 pour la somme record de 6’123’750 CHF. L’Administration Postale de l’île Maurice l’a honorée en éditant un bloc de timbres à son image.

Le «Mauritius Postal Museum» 
Je l’ai visité en octobre 2002. Les deux célèbres timbres acquis en 1993 par un consortium mauricien pour la somme de 2,2 millions. de dollars sont exposés et éclairés 10 minutes toutes les heures. Une vitrine a particulièrement retenu mon attention - celle des tampons des 18e et 19e siècles : marques postales, cachets maritimes, cachets linéaires, cachets à date … le paradis des marcophiles! En 1997, une belle série de quatre timbres et un bloc célébrant le cent 150e anniversaire de ces deux fameux timbres-poste sont émis. A l’époque où j’ai visité ce musée, il offrait ces timbres et je ne me suis pas gêné de me servir largement pour les envoyer à tous mes amis philatélistes. Ces timbres étaient présentés en carnets de belle facture. En conclusion, ces timbres ont fait l’objet de très nombreux articles, y compris d’une bande dessinée et je n’aurai pas l’outrecuidance de prendre la paternité de ces quelques lignes; c’est seulement en qualité de visiteur du Musée Postal de Port Louis que j’ai écrit cet article. Il est à noter que, depuis mon passage, le musée a changé de place et un bâtiment plus imposant abrite maintenant ces petites merveilles.

Un des quatre splendides carnets émis.